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    RENDEZ-VOUS SUR LE
    ‘DIX-CORDES’ LABO -M-

    Après avoir accueilli depuis octobre 2015 des centaines et des centaines de sujets de discussions labohémiennes, notre bon vieux Forum laisse désormais sa place à un tout nouvel espace de discussion pour les labohémien‧ne‧s: le « Dix-cordes ».

    Tous les sujets du For-M- restent néanmoins disponibles à la consultation ci-dessous.

    REJOINDRE LE DISCORD

    La Poésie d'Andrée Chedid

    15 sujets de 31 à 45 (sur un total de 67)
    • Auteur
      Articles
    • #11128

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Si tu ré-inventais la terre
      Songerais-tu à lever océans et soleils
      A convoquer les saisons
      A mettre au monde les hommes?

      Si tu ré-inventais la terre

      Logerais-tu mêmes fièvres dans leurs entrailles

      Mêmes arcanes dans leurs cœurs

      Dans leur souffle les mêmes dieux?

      Si tu ré-inventais la terre
      Romprais-tu l’épée des supplices
      Contiendrais-tu les crues de la haine
      Changerais-tu les soupçons en bienfaits?

      Si tu ré-inventais la terre
      Redresserais-tu les décrets du sang
      Abrogerais-tu la mort nécessaire
      Provoquerais-tu d’autres alchimies?

      Si tu ré-inventais la terre
      Drainerais-tu les plaies de nos batailles
      Absorberais-tu nos vides et nos sanglots
      Répandrais-tu l’ivresse d’exister?

      A.chedid

      #11971

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Ça fait quelques temps qu’on n’a pas mis les jolis mots d’Andrée Chedid ici
      Alors je remédie à ça :À PERTE DE VUE

      A perte de vue
      Regarde

      Si les rives t’établissent
      Ton fleuve coule à la mer

      Plus d’un être te secourt
      Tu parcours plus d’un songe
      Tu jalonnes le plus proche
      Tu t’abreuves au plus loin

      A perte de vue
      Déchiffre

      Enracine la durée
      Dans le vif de l’instant.

      #12319

      Lilly
      @lillyb
      Labohémien
      948 messages

      Le JE de la poésie est à tous
      Le MOI de la poésie est plusieurs
      Le TU de la poésie est au pluriel…

      #13169

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Silence à vivre

      Certaines tombes ne jaunissent pas

      Certaines fins multiplient le vertige

      Certains départs s’adossent à la fraîche souffrance

      Certains corps brûlent à tous les âges du nôtre

      Certaines paroles bouleversent

      Tout le silence à vivre.

      #14519

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Je me déchiffre dans les marées le va-et-vient des ombres

      Je me nomme du nom des noyés

      Tout s’écarte
      Les sables rongent

      Puis d’un signe
      Je me délie

      Je suis lauriers et certitude

      Le chant plane
      L’éclair me tient.

      Andrée Chedid

      #14613

      Lilly
      @lillyb
      Labohémien
      948 messages

      Gorgée de terre
      Peuplée d’espace
      Parlant tout notre visage

      Poésie

      Tu ne cesses de venir
      Tu ratures les abris
      Tu enjambes les empreintes
      Rebelle aux pièges du temps tu décapes les jours

      Et nous

      Soudain à l’écoute

      Soudain surgis des heures rivales

      Soudain hors du sommeil sans îles

      Soudain abolissant l’écart

      En mille milliards de oui

      Nous frayons passage à ta voix

      Ainsi raccordés à la parole
      Nous voici
      Te voici :

      Où la terre est une

      Où le cœur du cœur assaille

      Où la vie advient.

      #14615

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Au fond du visage

      Ce n’est pas en une fois
      Que je saurai ton visage
      Ce n’est pas en sept fois
      Ni en cent ni en mille
      Ce ne sont pas tes erreurs
      Ce ne sont pas tes triomphes
      Ce ne sont pas tes années
      Tes entailles ou ta joie
      Ni en ce corps à corps
      Que je saurai ton corps

      Ce ne sont pas nos rencontres
      Même pas nos désaveux
      Qui élucident ton être
      Plus vaste que ses miroirs

      C’est tout cela ensemble
      C’est tout cela mêlé
      C’est tout ce qui m’échappe
      C’est tout ce qui te fuit

      Tout ce qui te délivre

      Du poids des origines

      Des mailles de toute naissance

      Et des cloisons du temps

      C’est encore cette lueur :
      Ta liberté enfouie
      Brûlant ses limites
      Pour s’évaser devant

      #15864

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Ça fait un trop long moment que nous n’avons pas mis la poésie de Madame Andrée Chedid, donc bah je vais y remédier 😂

      Pas de clef à la poésie
      Pas de ciel
      Pas de fond
      Pas de nid
      Pas de nom

      Ni lieu
      Ni but
      Ni raison

      Aucune borne
      Aucun fortin
      Aucun axe
      Aucun grain

      Mais ce souffle

      Qui s’infiltre

      Dans l’étoffe des âmes

      Pour délier leurs saisons :

      Peuple d’hirondelles
      Au regard pénétrant
      A la vue déployée.

      #17510

      Lilly
      @lillyb
      Labohémien
      948 messages

      Pour nos Labohémiens en voyage à New York… Imaginez vous assis à l’arrière d’un yellow cab, regardant défiler le paysage de la grosse pomme où notre chère Andrée y a écrit Entrée de New York sous l’orage :

      Surgissant des trottoirs la pluie des gratte-ciel incise à rebours l’averse s’élance vers des fragments d’espace

      Les trombes d’eau

      se rabattent sur la ville

      heurtent ces
      Goliaths de pierre

      qui surplombent le marécage humain

      Au sol

      l’éclat safran des taxis

      perce la confusion des hommes et de la brume

      Parcours linéaire
      Signalisations casquées
      Rues sans nom
      Exaltation du chiffre

      La foule

      fantôme aux épaules rognées

      se délaie dans l’aqueuse grisaille

      Entre les parois jaunes du véhicule

      le cuir s’écaille

      les sièges s’éventrent

      les mégots s’entassent

      Derrière la vitre pare-balles qui rompt l’échange la nuque du conducteur barre l’horizon

      Je parle

      je questionne

      Les sons patinent sur le verre

      Je crie des mots

      pour exister

      pour franchir la glace

      pour raccorder nos mondes

      La nuque demeure d’acier

      J’appelle

      J’appelle plus fort

      L’homme

      enfin

      se retourne

      Et m’offre

      sa face

      comme une bouée!

      Tandis que la ville

      se trouble sous les rafales d’eau

      Que ses images chancellent sous l’ondée

      la machine vorace

      engloutit entre ses quatre roues

      la langue d’asphalte

      Nos mots d’ici nos mots d’ailleurs s’abordent se rejoignent apprivoisent la cité :

      Gerbe ou taupinière de béton
      Inflexible géographie du siècle

      Métropole

      que l’œil rejette

      dont l’œil s’éprend

      New
      York

      Aux carrefours de l’exploit et des terreurs

      des fièvres et du prodige

      auquel on résiste

      auquel on consent

      Vitre rabaissée entre nous
      Les paroles vont et viennent

      Qu’importent à présent

      averses menace pierres ou plomb!

      Secouru par l’échange le souffle s’apaise le regard s’amarre

      Etranger résonne comme un prénom.

      #17518

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Merci @lillyb jolie 😘

      #18985

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Les jolis mots de Madame Andrée Chedid

      Il y a des matins en ruine
      Où les mots trébuchent
      Où les clefs se dérobent
      Où le chagrin voudrait s’afficher

      Des jours
      Où l’on se suspendrait
      Au cou du premier passant
      Pour le pain d’une parole
      Pour le son d’un baiser

      Des soirs
      Où le coeur s’ensable
      Où l’espoir se verrouille
      Face aux barrières d’un regard

      Des nuits
      Où le rêve bute
      Contre les murailles de l’ombre

      Des heures
      Où les terrasses
      Sont toutes
      Hors de portée.

      – Par-delà les mots (1995)

      #18986

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Encore un (bin OUI ça fait un moment que j’en avais pas mis 😉)

      Le poème

      Sans cesse
      Au vif de soi
      S’amorce le poème
      Miroir de l’instant
      Fragment du désir
      Écho du cri

      Creusant l’os jusqu’à la moelle
      Transperçant jusqu’à l’âme l’habit
      Rouvrant les portes de l’espace
      Soulageant les égarements de l’esprit
      Le poème
      Se rue sur nos pages avides

      Explorant à la fois
      Toute la flamme
      Et toute l’eau.

      A.Chedid

      #18991

      @lillyb je viens de voir ton poeme pour NY merci
      Et merci a toi et @maguy d enrichir cette section

      #19002

      maguy
      @maguy
      Labohémien
      3168 messages

      Bah de rien @gagoo
      J’aime sa façon de poser les mots, alors..

      #22131

      Lilly
      @lillyb
      Labohémien
      948 messages

      La Vie Voyage

      Aucune marche
      Aucune navigation
      N’égalent celles de la vie
      S’actionnant dans tes vaisseaux
      Se centrant dans l’îlot du cœur
      Se déplaçant d’âge en âge

      Aucune exploration
      Aucune géologie
      Ne se comparent aux circuits du sang
      Aux alluvions du corps
      Aux éruptions de l’âme
      Aucune ascension
      Aucun sommet
      Ne dominent l’instant
      Où t’octroyant forme
      La vie te prêta vie
      Les versants du monde
      Et les ressources du jour

      Aucun pays
      Aucun périple
      Ne rivalisent avec ce bref parcours
      Voyage très singulier
      De la vie
      Devenue
      Toi.

      A.Chedid

    15 sujets de 31 à 45 (sur un total de 67)

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