Interview de Yann, alias Meremptah

Yann, que signifie ton surnom, « Meremptah » ?

Meremptah est plus un pseudonyme qu’un surnom. Je l’utilise depuis mes années Lycée dans tous mes projets créatifs, comme pour préserver une part d’anonymat. Ce nom fait écho à ma passion pour l’Histoire, devenue mon métier. Pour être précis, il s’agit de l’orthographe utilisée par le romancier Christan Jacq, dans sa saga Ramsès, pour désigner l’un des fils du grand pharaon, qui lui succéda à sa mort et qui resta écrasé par l’ombre de ce père glorieux. J’ai dévoré ces romans vers l’âge de 12-13 ans, et je trouvais ce personnage, finalement peu présent dans l’histoire, porteur d’une symbolique qui me faisait écho. C’est resté depuis, comme une seconde identité …

Ta découverte de -M- ?

J’ai découvert l’univers de Matthieu progressivement. Je me souviens, en 1998, avoir été totalement accroché par le titre Machistador, qui passait parfois sur la regrettée Europe 2. Mais c’est en 1999, suite à un deuil éprouvant, que je suis totalement entré dans son univers, alors que sortait le disque Je dis aime. J’avais tout juste 14 ans et la poésie pleine d’Onde sensuelle, rencontrée via le video-clip d’Emilie Chedid, m’a touché, imprégné, apaisé. Je me suis alors intéressé de près à cet artiste à part qu’était -M- à l’époque, un OVNI véritable, de sa voix à ses costumes, en passant par ses thématiques et la production de ses titres. Là encore, c’est l’écho intérieur imposé par cet univers qui m’a accroché, définitivement.

L’idée qu’un homme à la voix si féminine, au look si étrange, au physique si singulier comparé aux canons de beauté stéréotypés qui étaient alors monnaie courante dans l’industrie musicale, aux textes si particuliers et travaillés … l’idée qu’un tel être à part – de plus guitaristiquement au-dessus du lot – puisse susciter les moqueries de quelques uns et dans le même temps dégager une maitrise artistique et un charisme tels … cette idée a été pour moi une grande source d’inspiration, au quotidien. En plus d’un plaisir d’écoute évident, du pouvoir d’évasion de sa musique … j’y ai donc puisé une certaine force.

Depuis quand écris-tu ton blog « 2yeuxet1plume » et quels sont les prochains articles que tu souhaites partager avec les Labohémiens ?

J’ai créé www.2yeuxet1plume.com en 2007. A l’origine, ce lieu était conçu comme un blog tout personnel. Comme son nom l’indique, j’y publiais des créations relatives à deux domaines artistiques que j’aime explorer : la photographie (2yeux) et l’écriture (1plume). Peu à peu, j’ai réduis la part photographique du blog devenu, dans son armature, un site, par manque de temps et, je crois, de talent. J’ai aussi commencé à partager mes coups de cœurs musicaux … Quelques billets sur Serge Gainsbourg, première de mes références et qui a, lui aussi, le premier, soutenu l’enfant que j’étais à l’instant de sa découverte. Et des billets, de plus en plus nombreux, consacrés à Matthieu Chedid.

L’idée de faire lentement glisser l’outil de départ vers un site dont le contenu serait majoritairement tourné vers l’univers de -M- s’est installée progressivement. D’où son sous-titre actuel : « Et Autour de Matthieu Chedid », instauré il y a 3 ans. Je continue toutefois d’y publier quelques uns de mes textes, même si j’ai là aussi levé le pied. Si le site est dédié aujourd’hui à la publication de billets longs et fouillés, dans lesquels j’essaie d’informer les lecteurs mais aussi de puiser dans des émotions et des ressentis tous personnels, la page Facebook « Matthieu Chedid -M- by 2yeuxet1plume / Meremptah » en est le complément simplifié. J’y partage de nombreuses informations et contenus audio-visuels en temps réel, qui ne me semblent pas nécessiter de longs développements.

Aussi, j’ignore totalement quel sera le sujet des futurs billets de 2yeuxet1plume. Ils porteront certainement sur la prochaine étape majeur de la carrière de Matthieu … sur l’un de ses projets à venir … Tout dépendra des informations qui pourront, à ces sujets, m’être communiquées par lui ou ses équipes. Ou de celles que je trouverais au détour d’internet … Un souhait tout personnel serait de faire partager, en mots, son expérience créative : de me glisser, telle une souris gourmande, derrière lui à l’instant de faire naitre un titre, d’enregistrer un projet … et d’en rendre compte. De m’en imprégner aussi, sûrement …

Ta chanson préférée de -M- et pourquoi ?

Difficile de faire un choix en la matière. Mais s’il faut choisir, je dirais J’ai une pensée, titre paru en 2002 sur la BO du film Peau d’ange. Tout parait, à le décomposer, simple dans ce titre : un texte court, une mélodie d’apparence limpide. Et pourtant, sans que je ne puisse l’expliquer, il y a quelque chose du domaine de la grâce qui s’en dégage à chaque fois que je l’écoute. Comme l’impression que c’est là une chanson qui s’est imposée à Matthieu par l’évidence, venue spontanément à lui. Une chanson sans calculs, sans réécritures. Ce qui lui donne une puissance rare : celle d’exprimer le vrai.

Cette chanson me touche parce qu’elle semble être née du cœur d’émotions pures. Mais tant d’autres ont sur moi un impact similaire, parfois intrinsèquement, parfois parce que liées à des instants particuliers de ma vie : L’amour ma thématique, Machistador, Mojo, Délivre, En piste, Onde sensuelle, Mon ego, Ma mélodie, Ne le dis à personne, Phebus, Elle, etc. Le choix d’un album serait plus simple, je crois : Le Tour de -M-, pour l’énergie rock qui s’en dégage et la claque que j’ai reçue lors de cette tournée qui fut ma première.

Ton idée pour améliorer, compléter, continuer d’enrichir le site labo-m.net ?

Offrir aux Labohémiens de plus en plus d’outils collaboratifs … Un générateur commun de cadavres exquis (peut-être cette idée prendra-t-elle vie bientôt …), une application facilitant l’organisation de rencontres spontanées entre membres du site, un portfolio dans lequel les explorateurs de passage pourraient partager un cliché reflétant leur rapport à Matthieu, etc. La possibilité pour tous, aussi, de personnaliser l’aspect du site en réorganisant les modules par simple glissement : ainsi ceux qui utilisent davantage le For-M- que les autres recoins du site pourraient êtres accueillis, sur leurs sessions, par un module dédié. La personnalisation pourrait se faire aussi en choisissant des fonds parmi une banque d’images issues de l’univers et de la carrière de Matthieu, etc. Les idées sont infinies mais la philosophie est unique : faire de ce site un espace de rencontres et d’échanges, en constante évolution, que ses membres s’approprieraient.

Comment verrais-tu le prochain album de -M- ?

Lumineux et saturé. Déroutant et familier. Une somme de contraires. Porté par une soif d’explorations, dans des domaines multiples. Je l’imagine conçu sans filet, dans une totale spontanéité. Répondre à cette question, c’est fantasmer être là, en studio, à leurs côtés, et exprimer des idées d’arrangements, des directions de productions … dont ils n’ont pas besoin.
Cet album serait la somme de titres construits à l’avance, dans leurs grandes lignes, mais enregistrés à plusieurs, en une seule prise, une part étant laissée à l’instantané. Je vois un disque sur lequel les fragilités de la voix, les maladresses instrumentales seraient décelables, portées par des micros pleinement ouverts. J’imagine surtout un projet artistique véritable. Un lâcher prise dans la création, certes, mais unifié par un concept fort, tant par le visuel que par un thème lancinant, une identité sonore englobante, etc. Je conçois enfin des mots sollicités de manière inédite, tirés de leur confort habituel, revisités, déconstruits … En définitive, j’imagine un album total.

Si demain tu devais emmener les Labohémiens dans une aventure -M- via ce site, laquelle proposerais-tu ?

Un séminaire créatif et rural … Un séjour collectif au cœur du Gers où je réside, autour de grillades odorantes, durant lequel chacun, par ses talents et ses envies, proposerait aux autres une pierre à partir de laquelle un ensemble plus vaste serait construit. Où chaque sensibilité s’exprimerait, pour créer quelque chose de non prémédité … une chanson, un clip, une bande-dessinée, un totem, ou tout cela à la fois. Et parmi ces adultes ayant retrouvé, quelques heures durant, l’enfant enfoui en eux, libérant par là leur soif d’imaginaire … Matthieu se serait glissé.

As-tu quelque chose à ajouter ?

Sans trop en dévoiler, j’espère que cette année 2016 verra se matérialiser de beaux désirs et projets créatifs … Outre les paroles qui s’accumulent dans mes tiroirs et qui aspirent à s’animer de mélodies et de voix, outre ma plume avide de servir la fantaisie, la soif de renouvellement et la boulimie créative d’artistes musiciens … se peaufine actuellement un conte poétique dont j’ai finalisé le texte. Une artiste de talent, à l’univers onirique, l’illustre avec passion en ce moment même. Une artiste rencontrée … par l’intermédiaire de 2yeuxet1plume et, donc, de Matthieu Chedid.

Cette aventure, qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, est la preuve, s’il en était besoin, que la création appelle la création. Que l’inspiration est en chacun de nous et qu’une belle rencontre à même de la réveler peut avoir lieu à chaque instant, en chaque endroit. Labo-m.net me parait être un lieu privilégié pour de telles odyssées. J’espère que tous les Labohémiens, surtout ceux qui ne se croient aucun talent, profiteront de cet outil et de ses à-côtés (Jamshake, RacontR, etc.) pour lâcher prise et jouir du plaisir de créer, seuls ou à plusieurs.

Il y a quelque chose qui nous ramène à l’essence de la vie, dans tout cela … Alors : merci à Matthieu et aux équipes de Labo-M.net de nous permettre d’entrevoir un peu mieux ce qu’il y a de plus précieux dans l’humain !