M-Orphée
(M – OR – FEE)
Le divin fils de Nyx est venu jusqu’à moi,
Dans mon profond sommeil perça soudain sa voix,
Auguste messagère d’un doux rêve magnifique,
Morpheus m’est apparu, grave et prophétique.
Les paroles qu’il chanta me semblèrent familières,
Je les avais déjà entendues sur la Terre,
Alors, un vaste flux d’émotions me submergea,
Et mes larmes s’écoulaient tant forte était ma joie.
N’avais-je jamais erré que pour cette mélodie ?
En quelques notes, condensé : le songe de ma vie !
Heure sublime, délivrance, infinie consolation,
Perdu, je fus sauvé, par cette révélation.
Chacun de ses refrains résonnait en mon âme,
Echo franc de mes vœux, souvenir d’une femme,
Tel qu’on caresse un cœur par la fleur de pavot,
Le frère de Phobétor guérissait tous mes maux.
Il me contait mon passé, mon futur, mon destin,
Détenait mes erreurs dans le creux de sa main,
Et pourtant Prométh-ait : « Εσομαι οπλον σου »,
Tantôt pardonnant, tantôt chargé de courroux.
Son message si puissant, endurci de souffrances,
Traversant mes ténèbres, émanant de la France,
Portait en lui le rêve de mon adolescence,
Mes mots, ma jeune passion et l’ultime espérance.
Par des accents virils, l’habile Maître m’exhortait :
« Renonce à toutes tes peurs, honore ta bien-aimée !
Elle est ton vrai salut, protégeait ta conscience,
Choisis le bleu du rêve, entame ta renaissance !
Embarque avec moi sur le Nebuchadnezzar !
Libère-toi du monde qu’on expose à ton regard,
Une prison mentale qui t’interdit de revoir,
La vérité perdue et les sourires épars. »
Ainsi vint à tire-d’aile, mandaté par Iris,
Le divin fils d’Hypnos, salvateur et propice,
Ma ruine ne fut pas moins grande que celle d’Alcyone,
Car j’étais coupable et voulais qu’on me pardonne.
Ô Morpheus ! Daigne recevoir un simple hommage !
Toi qui fus malgré moi un guide loyal, un sage,
Le monde connaîtra encore bien des cataclysmes,
Mais tu m’auras rendu la voix de l’altruisme.
FG (Mars 2019)