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LE CLIP GRAND PETIT CON

Le nouveau clip extrait de l’album « Lettre Infinie ». Vidéo réalisée par Michel Gondry.

MICHEL GONDRY, À PROPOS DU CLIP :

Le problème avec Matthieu c’est qu’il est trop gentil.
Trop souvent, les artistes sont désagréables, confondent travail et oeuvre et leur regard me fait rapidement comprendre que je suis là pour les servir. C’est pénible et cela me rend fainéant. Cependant c’est pratique. Le manque de confiance me déresponsabilise. Mon effort, ma motivation sont assommés et je garde mes meilleures idées pour des projets futurs.
Avec les gentils, comme M donc, je me sens obligé de ne pas les décevoir et je travaille double. J’écoute leurs idées et je les intègre dans une narration qui s’élabore au fil de nos discussions. Plus je sens une ouverture d’esprit chez mon interlocuteur, plus le mien s’ouvre.

Avec Matthieu, cela a abouti à cette histoire tordue. Quand j’écris une histoire, disons que ça pousse vers le haut, comme une plante. Il y a des personnages. Des situations sont créées et font apparaître d’autres personnages qui n’ont rien à voir avec le fil principal. Donc je les laisse évoluer de leur côté, sans m’occuper d’eux. Puis il y a un nouvel évènement et soudainement il manque quelqu’un dans la scène. Et là, boum, le personnage oublié rapplique et donne un sens à la scène. Je ne suis pas le schéma traditionnel dans lequel le héros se transforme en traversant les épreuves de l’histoire. Ici, par exemple, M est con et reste con de bout en bout et c’est très bien comme ça. Il est con donc il ne peut rien apprendre et encore moins tirer les leçons que sa connerie lui a infligées.

Je crois que je subis l’influence des Bario, clowns de la télé des années 70. L’un était moins con que l’autre et essayait toujours de lui expliquer des trucs un peu élaborés, l’autre, le plus con, répondait oui à chaque fin de phrase pour montrer qu’il suivait bien et à la fin, l’autre lui demandait si il a compris et il répondait “non”. Hilarant je vous assure.

Parlons technique.
Il a deux ans, j’ai fait l’acquisition d’un smart phone et me suis aperçu que l’on pouvait l’utiliser pour animer. J’ai donc installé un système précaire pour suspendre le téléphone au-dessus de ma table de travail. Je déplace des petits bouts de papier qui bougent tous seuls quand je fais défiler les images.

C’est de l’animation. Rien de spécial. Mais j’ai découvert ces blocs de papiers pourris de couleurs dans les drogueries. Leurs couleurs sont toujours passées donc elles s’harmonisent automatiquement. Avec des ciseaux, de la colle en bâton et des markers, je peux raconter tout ce qu’il me passe par la tête.

Je fais tout tout seul, sans l’aide de personne. Ce n’est pas parfait mais c’est entièrement produit par mes mains. Chaque plan est un mini problème qui attend sa solution. Une fumée apparait lorsque un gros monsieur fume un arbre? Du papier calque : une couche et c’est presque invisible, deux et ça devient gris, 3 et ça commence à être blanc et opaque…
M se transforme en oscar à la fin? Je prends une photo d’oscar sur le net, je la transforme pour qu’elle ait la forme exacte de M, puis je l’imprime et recouvre le M en papier avec. Finalement, j’en découpe un petit bout à chaque image et je projette l’ensemble en marche arrière.
Et puis il y a les arrières plans. Un coin de mur avec une prise électrique, un pied de chaise, un placard… vous ne le croirez pas, mais j’aime les fabriquer. J’ai l’impression de devenir l’homme qui rétrécit. Et tous les M. Ils ont tous des expressions et une tête différentes, mais bon, ça fait partie du bordel général.

Au bout du compte, toutes les scènes, le story-board sont complétés exactement comme prévu. C’est une grande fierté que de remettre un projet exactement comme ce que l’on avait proposé. Et à y réfléchir, c’est le premier clip que j’ai réalisé entièrement seul. Au départ, j’ai pensé engager des graphistes, découpeurs, animateurs et puis je me suis dit que ça serait moins bien. Il vaut mieux un maladroit qui essaye de faire du adroit qu’un adroit qui essaye de faire du maladroit. J’ai eu l’occasion de le vérifier à maintes reprises.

Le sens de l’anime.
Évidemment l’histoire que l’on décèlera n’est pas que le fruit du hasard. Il y a des parties que j’aurais du mal à expliquer, d’autres qui reflètent les paroles et finalement celles qui sont issues de nos conversations avec Matthieu voire ses idées/envies. Je ne sais pas qui a pensé à l’accouchement. En tous cas, c’était une bonne entrée en matière pour montrer le con qui arrive en retard pour l’accouchement de sa femme et qui s’évanouit. Également, j’ai pensé que commencer par une scène assez crue, provocante, annoncerait la couleur: on ne va pas vous montrer un clip mignon. Les jumeaux : il y a toujours un des deux jumeaux qui profite plus dans le ventre de la mère, voire qui mange ou tue l’autre.

La destruction de la ville. Je crois que Matthieu voulait qu’il y ait une bagarre entre le père et le fils. En ce qui me concerne, je voulais une destruction totale durant le solo de guitare. Voyez-vous, il me semble que le solo de guitare a une vocation destructive. Sa courte durée fait qu’il doit tout démolir le plus vite possible. Ça défoule, en plein milieu d’une chanson, comme un chien qui s’ébroue. Les gros messieurs du club privé qui fument les arbres sont une référence à Rollerball. Au petit matin, James Caan et ses copains font exploser des arbres avec leurs pistolets/lance-roquettes. Le monstre qui écrit la longue lettre est habillé en Shakespeare pour tourner en dérision le texte sérieux qu’il écrit (pardon Matthieu).

Pour la fin, Matthieu souhaitait avoir de l’or. Je ne sais plus qui a eu l’idée de la statue. En gros, en voyant la chevelure dorée de leur maman endormie, les deux fils ressentent le même amour pour elle que celui que leur père a vécu. Du coup ils se réunifient et redeviennent leur père. Mais la maman n’est pas si romantique. Elle le transforme en statue et le met dans une armoire, au milieu d’autres statues identiques, probablement d’autres relations qu’elle a eues.

14 commentaires

  1. Lilly dit :

    Waouh et ben dis donc t’es pas tout seul dans ta tête Michel mais ça me va ! Bravo !
    C’est absolument génial quand c’est un-con-scient…

  2. Vivi dit :

    C’est du génie pur !
    Ce clip est formidable !
    On adore on adhère !☀️👍🙏🏼

  3. Vivi dit :

    C’est du génie pur !
    Ce clip est formidable ! 👍🙏🏼

  4. labo_m_ien dit :

    Bluffant !!! Ce Clip donne un coup de fraîcheur aux productions de plus en plus léchées qu’on peut trouver ailleurs. Un portable, des feuilles de papier et une paire de ciseaux …

  5. Comme l’a dit Augustin Trapenard ce matin sur France Inter :  » drôle et loufoque  » , tout ce que j’aime ! bravo j’adore

  6. Manlius dit :

    Oui c’est pas mal, mais ça manque quand même de filles dénudées avec des mecs pour leur taper sur les fesses au moyen de liasses de billets. Pourquoi prétendre à l’originalité créative lorsque les formules classiques ont démontré maintes et maintes leur valeur ? Je m’interroge. Et je vous le demande cher M. Gondry. Rendez-nous Shaggy hey ses sexy ladies !!! Et puis d’abord « Grand petit con », quel est le message au juste, j’ai pas bien con-pris.

  7. Manlius dit :

    Bon finalement, tout bien réfléchi, après, revisionnage et relecture, ce clip est plus que pas mal. Merci d’avoir dévoilé quelques arcanes de sa création et pour la référence aux deux clowns.
    J’ai finalement compris le fin mot de l’histoire : El Machistador n’est ni un petit con, ni un grand con, ni un fauxcon (comme Lilly l’a cru dans sa grande méprise), ni un rapace, ni même un cacatoès… C’est El COND’OR EPAPHRODITE (ou hermaphrodite ? pasa ou passera pas ??) !!! tûtûtûtûûû

    1. Lilly dit :

      Ah oui @manlius ? C’est ironique j’espère…

      1. Manlius dit :

        Bon ok Lilly, je rends à Caesar ce ki est à César et j’avoue : Pas de condor sans faucon dans la chaîne alimentaire !

  8. Laboté dit :

    Etant jumelle, je me permets de dire que je n’ai pas tué ma soeur ahaha
    Le clip est un peu déroutant au départ mais le travail est remarquable. Quelle trouvaille encore une fois chapeau l’artiste. Il est très rigolo bien aimé le passage lorsque le grand petit con fume l’arbre…merci

  9. joandavis dit :

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